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5. La Passion : le Juste humilié
Leçons et phylactères
Cette tapisserie ne compte que deux triptyques : celui de la Flagellation du Christ et celui du Couronnement d’épines.
La Flagellation
Au cours de sa passion, Jésus est battu par les soldats qui le gardent mais aussi flagellé sur l’ordre de Pilate, le gouverneur romain (Mt 27, 26 ; Marc 15, 15 ; Jean 19, 1). Cette scène est préfigurée par, à gauche, Alchior ligoté par Holopherne et, à droite, Job flagellé par le démon.
En haut
Judith VI
Dux Achior Deum Israël Holoferni magnificans
Pro veritate manibus pedibusque ad arborem ligatur.
Sic Christus rex noster ludeis Patrem suum glorificans
Pro iusticia vinctus ad columnam crudeliter flagellatur.
Judith 6, 13
Achior, exaltant le Dieu d’Israël devant Holopherne,
est, pour sa franchise, ligoté à un arbre.
De même, le Christ notre Roi, glorifiant son Père devant les Juifs,
est lié et cruellement flagellé.
À gauche, le prophète Isaïe (50, 6) disait :
Corpus meum dedi percutientibus et genas meas vellentibus :
J’ai livré mon corps à ceux qui me frappaient et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe.
Job 2
Servus Dei lob tantam percussionem a demone passus est
Ut gravissimis undique fossus ulceribus vix subsisteret.
Sic Christus Deus noster a ludeis adeo sauciatus est
Ut a planta pedis ad vertice(m) usque sanitas nulla foret.
Job 2, 7
Job, le serviteur de Dieu, malmené par le démon
tenait à peine, couvert d’ulcères.
De même, le Christ notre Dieu eut le corps déchiré par les Juifs
de la tête aux pieds.
Le roi Salomon dans le Cantique des cantiques (5, 7) affirme :
Percusserunt me vulneraverunt me :
Ils m’ont frappé et ils m’ont blessé1.
En bas
Le roi Salomon dans le livre des Proverbes (17, 26) affirme :
Non est bonum damnum inferre iusto nec percutere principem qui recta iudicat : Il ne faut pas faire de tort au juste, ni frapper un prince qui juge avec droiture.
À droite, le prophète Isaïe (1, 6), gémit :
A planta pedis usque ad verticem non est in eo sanitas :
De la plante des pieds au sommet de la tête, rien n’est sain.
Le Couronnement d’épines
Trois des quatre Évangélistes rapportent cet épisode de la Passion du Christ représenté sur cette tapisserie où les gardes lui enfoncent une couronne d’épines sur la tête et se moquent de lui (Matthieu 27, 27-30 ; Marc 15, 17-19 ; Jean 19, 2-3). Cette scène est préfigurée à gauche, par le rire de Cham devant son père Noé ivre et, à droite, par les émissaires de David humiliés par le roi Anon alors qu’ils venaient lui présenter les condoléances de David.
Genesis IX
Noe plantata vinea bibitoque vino procumbena
Nudatus ; a filio Cham maledicto deridetur.
Sic ludeis Christus obduratis verba vite disserens
Suis exutus regis insignibus ornatiu luditur.
Genèse 9, 20
Noé, après avoir planté la vigne et bu du vin, se couche tout nu ;
il est moqué par son fils Cham, qu’il maudit.
Ainsi, le Christ qui avait prononcé les paroles de vie aux Juifs endurcis,
est déshabillé, revêtu des insignes de la royauté et tourné en dérision.
L’auteur des Lamentations2 (3, 14) affirme :
Factus sum in derisu omni populo meo :
Je suis devenu la risée de tout mon peuple
II Regnum X
Mittens David servos suos ad Anon consolandum
Barba semirasa vestibusque ad nates (s)cis(s)is remittuntur.
Sic pro humano solamine Pater legans Christum
Variis derisus modis a ludeis tandem occiditur.
2 Samuel 10, 2
Quand David envoya des serviteurs pour consoler Anon,
celui-ci les renvoya mi-rasés, mi-nus.
De même, quand le Père envoie le Christ auprès des hommes pour les réconforter,
les Juifs le tournent en dérision de diverses manières et finalement le mettent à mort.
Le roi Salomon dans le livre des Proverbes (3, 34) affirmait :
Inlusores ipse deludet 3 :
Il se moquera des moqueurs.
En bas
À gauche, l’auteur des Lamentations (3, 30) prédisait :
Dabit percutienti se maxillam saturabitur opprobriis :
Il donnera sa joue à qui le frappe ; il sera saturé d’opprobres.
À droite, Job (12, 4), affirme :
Deridetur enim iusti simplicitas :
On se moque de la droiture du juste.